Côté lecture

[Yaasu]

J'en ai fait une loooooongue analyse en cours l'année dernière. (5Mois.) Et ce fut la partie la plus interressante de mon cours de français.
J'ai trouvé le roman vachemment perturbant au début, mais agréable. Même dans des romans plus moderne on retrouve pas un anti-Héros aussi "Anti".

[Nanard]

Se laisser porter par la vie, j'associe ça justement à prendre la vie sans réfléchir, fonctionné par l'instinct, comme une espèce d'animal. Pourtant le perso à une conscience, des semblants de désir, mais tout ça ne l'atteint pas. J'ai l'impression que le sujet du roman c'est juste l'histoire d'un gars coincé dans la banalité d'une vie qu'il n'a plus envie de comprendre. Par contre je sais pas si, à analyser, ça rendrait tout ça intéressant.

C'est pas tant une vie qu'il n'a plus envie de comprendre parce qu'il est blasé, mais une vie qu'il ne comprend pas et qu'il n'a jamais compris. Oui, il a une conscience, mais une conscience dont les rouages sont différents de la "normalité". Il n'arrive même pas à comprendre la gravité de son geste, persiste à traiter le meurtre comme une espèce d'événement banal. C'est un peu un psychopathe en fait (dans le sens premier du terme, à savoir une personne qui ne peut ressentir d'émotions). C'est un personnage qui demeure essentiellement dans un état d'esprit de questionnement existentiel. Pourquoi faire ci, pourquoi faire ça, le genre de questions qui apparaissent logiques à la plupart d'entre nous, mais pas à lui.

Et évidemment, c'est un roman qui vaut la peine d'être analysé en profondeur, il est quand même considéré comme l'oeuvre la plus marquante du vingtième siècle.

EDIT : Ah et le contexte socio-historique est assez important pour sa compréhension aussi. Écrit juste après la Seconde guerre mondiale, dans un climat de désillusion et d'existentialisme.

[Mugul]

Comme c'est curieux, comme c'est curieux , en classe, j'ai travaillé sur l'un des scènes de La Cantatrice Chauve, c'est la scène 4.

[El Señor Toulou]

Merci pour cette remarque d'une utilité incroyablement pressante, Mugul. Hier j'ai mangé des steak hachés.

[Light the Fab'Dragon]

Merci pour cette remarque d'une utilité incroyablement pressante, Mugul. Hier j'ai mangé des steak hachés.

Bleu, Saignant ou Grillé ?

[Yaasu]

Bien cuit avec une sauce au poivre avec des gros grains c'est parfait.

Nanard: J'ai adoré En attendant Godot. Et j'avais oublié de te le dire. Merci.

[Nanard]

C'est vrai qu'il peut être difficile de voir le propos derrière autant d'absurde, surtout pour de jeunes gens, mais en même temps ça permet d'enseigner une littérature qui accroche les jeunes. C'est quand même rare les oeuvres littéraires pertinentes qui peuvent autant être aimées des jeunes, y'en a pas énormément. C'est surtout la littérature de l'après-guerre en fait qui plaît bien je crois.

[Yaasu]

Parce qu'elle est plus "Simple" non ? La littérature de l'après guerre se libère des contraintes de la littérature d'avant-guerre. Le style est plus accessible, les sujets sont aussi plus "Libres", moins limité au schéma classique.

[Nanard]

C'est pas que c'est plus simple, mais plus récent, donc forcément plus actuel. Le classicisme était déjà mort de toute façon avec Victor Hugo et Rimbaud notamment. Le style d'après-guerre, en général, est donc stylistiquement moins "littéraire", mais en même temps c'est surtout l'époque qui veut ça. Du temps de Balzac, les gens s'exprimaient avec un langage beaucoup plus soutenu, alors que du temps de Queneau, c'était l'argot qui prédominait. Y'a ça et aussi le fait que la culture et l'art se sont démocratisés (il y avait des gens qui s'exprimaient mal au 19ème siècle, comme le démontrent les romans de Zola qui met en scène la classe ouvrière, mais ceux-ci ne consommaient pas la culture et donc il eut été absurde d'écrire un roman dans un style "ouvrier").

Parce si on exclu le style, la littérature moderne et postmoderne n'est pas foncièrement plus simple que n'importe quel autre. Le théâtre absurde est une réponse au traumatisme de la Shoah, à la désillusion généralisée, à l'effondrement de l'humanisme. Beaucoup d'oeuvres majeures de l'après-guerre sont des critiques virulentes des régimes fascistes, même lorsqu'elles n'en ont pas l'air : La Métamorphose de Kafka ou bien Rhinocéros de Ionesco en sont les principaux exemples, mais on peut aussi inclure toute l'oeuvre de Camus, de Sartre ou de Kundera.

Il faut pas non plus oublier que la littérature d'après-guerre est un retour à la philosophie comme base de la littérature. Cette fracture dont tu parles, cette libération des contraintes, elle date de bien avant. D'abord avec Victor Hugo, Baudelaire, Rimbaud, puis à son apogée au début du siècle avec les mouvements nihilistes du dadaïsme et du surréalisme, tandis que la littérature d'après-guerre, elle, se veut beaucoup plus "classique". Regarde Camus et Sartre, c'est quand même plus orthodoxe que du André Breton ou du Tristan Tzara quoi. Parce que c'est une littérature fondée sur la peur, sur l'angoisse, sur la tristesse, sur le désespoir, sur la perte de confiance en l'humanité. On sait que Raymond Queneau, notamment, même s'il écrivait des trucs complètement débiles et diablement drôles, n'en était pas moins un homme perturbé et rongé de l'intérieur par ses traumatismes. Parce qu'il faut bien savoir qu'il y a eut deux types de réponses à la Shoah : ceux qui se sont dit qu'il était désormais dégueulasse de faire de la poésie après tant de monstruosités et ont tenté de traiter leurs angoisses de façon sérieuse ; et ceux qui ont voulu tourner ça un peu au ridicule pour en faire perdre la lourdeur, la gravité.

[Nanard]

Qu'est-ce que tu veux dire ?

[Yaasu]

http://image.noelshack.com/fichiers/201 ... -54-53.jpg

Bon, après une longue réflexion je me décide. Quelqu'un l'as lu et a un avis ? Avant que je commence.

[Neowstix]

Un ami m'a conseillé de lire "Des souris et des hommes", quelqu'un qui l'a lu pourrait me donner son avis s'il vous plait ?

[Nanard]

J'ai tellement parlé de ce livre que ça devient redondant de te le conseiller vivement.

C'est un roman super puissant, super touchant, super poignant. Et en plus il est très facile à lire grâce à son style dru et épuré. C'est du roman américain dans toute sa splendeur.

[Yaasu]

Bon, suite au Post de Nanard dans le topic politique et a mes cours de français (Où on a un peu parlé de Rousseau.) et de Religion (Où on a parlé des trois maitres du soupçon et de Feuerbach.) je me suis dit que je devrais me mettre à lire de la philosophie. Donc j'aimerais savoir par où je dois commencer histoire d'avoir un peu de bases ?